En préambule le mot du Président :

“2020 a été pour nous tous une année très dure du fait de la pandémie. L’état seul compétent en matière d’hébergement a fait l’effort considérable et nécessaire pour mettre à l’abri le plus grand nombre de personnes, un effort qui s’est chiffré à plus de deux milliards d’euros.Il n’a pas hésité à réquisitionner 13 300 chambres d’hôtel. C’est un effort que toutes les associations gestionnaires d’hébergement d’urgence reconnaissent. En Seine Saint Denis, le 115 géré par l’association Interlogement a réussi à répondre presque à toutes les demandes, ce qui ne s’était pas produit depuis bien longtemps.

 Dans cet effort collectif, comme le montre ce rapport d’activités, l’association Le Refuge a pris sa part.

Au plus fort de la crise du COVID l’association Le Refuge n’a pas dérogé à ses principes de recevoir de manière inconditionnelle les personnes les plus vulnérables.

Dès les premiers jours, l’ARS, la DRIHL et la Mairie de Pantin nous ont fourni les éléments permettant d’appliquer les gestes barrières : masques, gels, protections en plexiglas. C’est la très grande rigueur et le professionnalisme de notre équipe, sous la direction d’Armand N’Zoulou, qui nous a permis de maintenir l’hébergement d’urgence, d’assurer la continuité et le prolongement du Plan hiver et une veille sociale permettant de recevoir 100 personnes par jour dans des conditions optimales.

Ainsi, ce n’est pas plus qu’un salarié et trois usagers qui ont été infectés par la Covid pendant cette période.

Cette mobilisation exceptionnelle doit nous permettre de construire de nouvelles solutions, sinon, une fois la parenthèse du confinement et de la crise sanitaire passées, nous allons de nouveau nous heurter à la dure réalité du manque de logements et de lieux d’accueil.”

Le Président Bertrand Sachs 2021

Le rapport d’activité 2020

Le Rapport d’activité qui suit présente de manière plus précise les actions qui ont été menées et l’organisation mise en place pour garder un accueil dans des conditions humaines et adaptées à la situation sanitaires.

 L'ensemble des activités de l'association, financé principalement par les services de l’État (DRHIL et ARS), est localisé à Pantin. Cet ancrage territorial est important, il permet notamment de développer un réseau de citoyens bénévoles qui s’engagent durablement pour développer des activités et des services que nos partenaires ne financent pas.

Le rapport d’activité a été présenté par Bertrand Sachs et Armand N’Zoulou lors de l’assemblée

Quelques extraits ci-après du rapport d’activité 2020 :

 L’ACCUEIL DE JOUR

 Rappel : L’accueil de jour répond à quatre missions essentielles :

·       Accueillir. L’Accueil de jour reçoit ainsi toutes les personnes qui le souhaitent, de manière inconditionnelle et anonyme. Elles peuvent simplement s’assoir pour se protéger de la rue et boire un de façon inconditionnelle tout en reconnaissant chacun des accueillis.

·       Fournir des services de premières nécessités pour couvrir les besoins primaires.

·       Accompagner la personne accueillie pour mieux couvrir ses besoins liés à l’accès à l’hébergement, aux soins, à l’ouverture de ses droits sociaux et de séjour.

·       Animer la vie collective : réguler la vie collective au quotidien, favoriser l’appropriation collective de l’espace partagé, soutenir le développement d’un lien social entre les personnes accueillies.  

La mise en œuvre de ces missions se fait dans le respect des valeurs portées par le projet associatif : humanisme - accueil inconditionnel - respect des principes de la laïcité -considération vis-à-vis des personnes accueillies - valorisation et mise en œuvre des droits de la personne.

 

Actualité de l’activité de l’Accueil de jour 2020 en quelques chiffres : 23686 Passages, 13205 petits déjeuner et 150 kits d’hygiène distribués par jours. Cette année a été marquée par le Covid 19 et la nécessaire organisation générale de l’accueil.

-        Mise en place de l’accompagnement sanitaire : intégrer les mesures barrière (gel, masque, distances, marquage au sol). Service d’hygiène et douches, très demandés, fortement surveillés par l’équipe d’hygiène ; service coiffure stoppé.

-        Accompagnement social selon les priorités.

L’aide alimentaire en provenance des magasins et habitants ; organisation des « chèques services ». 

Vestiaire selon un jour dédié. Baggagerie, espace informatique.

-        Concernant les professionnels : présence d’une infirmière à plein temps.

Cette année est marquée par des absences et beaucoup de changement et départ de personnel, notamment qualifiés.

LA PENSION DE FAMILLE

Rappel : La Pension de famille s’inscrit dans une logique d’habitat durable, sans limitation de durée, et offre un cadre de vie semi-collectif valorisant la convivialité et l’intégration dans l’environnement social.

La Pension de famille est constituée de 25 logements et est habilitée à recevoir 28 personnes au total.

En 2020 un seul comité de résidents a été organisé auquel ont participé entre 4 et 10 résidents.

Pour les raisons liées à la crise sanitaire, l’équipe n’a pas pu organiser d’autres comités.

Pendant ce comité ont été essentiellement abordés les problèmes techniques nombreux depuis l’ouverture de la pension de famille. Questions de fonctionnement : l’utilisation de la laverie, de la salle commune, l’accueil des visiteurs, les relations interpersonnelles et les règles de vie collective, très affectées par les nuisances sonores perpétuelles de certains résidents.

De plus, nous avons dû faire face à l’invasion des punaises dans les appartements.

Au 31/12/2020, seulement 23 logements étaient occupés par 24 résidents au lieu de 26 en 2019.

En juillet 2020, départ de l’unique couple de la pension de famille.

 

Les résidents ont à s’approprier ce type de logement. Le but est de parvenir à une dimension collective.

La difficulté est de reconnaitre, d’aborder, d’orienter les personnes qui présentent des difficultés relevant d’une approche psychiatrique.

Le budget de l’établissement est de 286 948 € dont 57% sont constitués de la subvention versée par la DRIHL et 43% des redevances payées par les résidents.

Au 31/12/2020, 24 ménages sur 25 bénéficiaient de droits ouverts à l'Allocation personnalisée pour le logement. Un d’eux était en attente du versement de ses droits, suite à̀ son admission dans la structure.

Les APL versées varient entre 173€ et 408€/ms. Les bénéficiaires de minima sociaux tels que RSA, AAH et ASPA perçoivent l’APL à taux plein. Un seul résident était en impayé́ de redevance (1211,85 €) suite à l’attente du versement de ses droits à̀ l’APL et retraite.

LE CENTRE D’HÉBERGEMENT D’URGENCE (CHU)

Rappel : Le CHU est ouvert 24/24 depuis novembre 2017. 40 places sont ouvertes toute l’année et pendant le plan hiver l’association a ouvert 10 places supplémentaires de novembre 2018 à avril 2019.

Les 10 places du plan hiver ont été maintenues en 2020, ce qui nous a permis de recevoir et de mettre à l’abri 33 personnes.  

En 2020, nous avons observé́ la consolidation des axes d’accompagnement optimisés par l’ouverture du C.H.U. 24H /24 H. 39 personnes ont été accueillies, soit 13 195 Nuitées et 7 personnes sont sorties avec une solution.

 

Complexité du travail d’accompagnement, compte tenu des données suivantes :

-        La majorité des personnes accueillies sont sans papier ; certains sont hébergés depuis 5 ou 6

ans ; nous recevons des personnes refusées dans les autres lieux d’hébergement – notamment pour des questions liées à l’alcool, addictions, aux problèmes psychiatriques.

Les professionnels sont confrontés à des situations pour lesquelles « ils n’ont pas la main » ou qui « dépassent leur compétence ».

Une trop longue implantation au CHU rend l’évolution des personnes impossible. Les salariés s’épuisent. Personnels comme accueillis se trouvent alors hors d’une dynamique de changement.

La routine s’installe.

 -        Des questions se posent : le CHU est une structure d’urgence, faut-il imposer une durée limitée, et rechercher des structures autres, susceptibles de gérer ce « temps long ».

-        Les liens avec le 115.  

Un travail serait à effectuer en lien avec le 115 : une adéquation entre orientation de la structure d’accueil et problématique des personnes. 

De manière générale, le C.H.U. accueille en grande majorité des personnes en situation irrégulière.

En 2020

- 7 personnes étaient en situation administrative régulière : soit de nationalité française, soit détenteur d’un titre de séjour. L’élaboration d’un projet social global permet une orientation et une sortie assez rapides. Pour ces personnes, le temps moyen passé au Refuge est d’une année. En 2020, la crise sanitaire a ralenti le processus d’orientation.

Pour les autres personnes, l’accompagnement vers la régularisation est systématiquement abordé. Nous engageons les démarches sur la base des documents en leur possession, sur la base de leur parcours et de leur temps de présence en France.

Qu’elles aient un emploi déclaré ou non, nous accompagnons toutes les personnes dans l’accès aux droits et dans la constitution de leur dossier administratif. Ce dernier constituera un élément essentiel au dépôt de leur demande de titre de séjour auprès de la Préfecture. En effet, les documents administratifs sont rassemblés, classes chronologiquement. Ils viendront constituer des preuves de présence active sur le territoire.

Ainsi en 2020,

            - 1 personne a pu obtenir une carte de résident alors que ses droits étaient rompus depuis plus de 5 ans. Considéré comme « grand exclu » et vieillissant, cet homme présentait des troubles d’addiction et cognitifs, notamment de la mémoire, ce qui a rendu l’accompagnement encore plus conséquent. Cet homme a pu ensuite obtenir sa retraite.

·        -  1 personne a pu obtenir un premier titre de séjour en raison d’une pathologie chronique

·        -  1 personne a pu obtenir son premier titre de séjour pour raison de maladie mentale

- 3 personnes ont pu déposer leur dossier de demande de régularisation en lien avec leur ancienneté sur le territoire. La difficulté est de pouvoir constituer un dossier, de preuves solides, et d’insertion réelle, qui sont des critères absolus de décision.

- 2 personnes ont pu obtenir un premier titre de séjour pour raison médicale.
Nous avons ainsi constitué un dossier médical faisant converger toutes les équipes médicales autour de ce projet.

En 2020, 1 personne a reçu un refus de renouvellement de titre pour raison médicale.

En 2021, le CHU devra impérativement quitter les locaux qu’il occupe actuellement. Le projet d’établissement devra être repensé dans son ensemble avec l’aide d’un cabinet extérieur. Revenir à l’essence du CHU.

La démarche de construction du projet avait été accompagnée par un cabinet spécialisé.  

LES MAISONS CANDALE

 Le dispositif des « Maisons de la rue Candale » a une capacité d’accueil de 16 places destinées à l’hébergement d’hommes majeurs isolés inscrits avec l’équipe du refuge dans une dynamique d’autonomie.

2020 en quelques chiffres : 11 personnes hébergées ; soit 3160 nuitées et 3 sorties en hébergement autonome.

Les Maisons de la rue Candale bénéficient d’une localisation au cœur d’un quartier résidentiel. Intégrées au sein de ce dernier, l’insertion des personnes au sein de leur environnement y est favorisée.

 

DISPOSITIF HIVERNAL  2020/2021

Durant la période du 1er novembre au 31 mars, l’état met en place des dispositifs pour le plan hivernal destinés à héberger sur une période minimum de 5 mois, des personnes en grande précarité sans domicile fixe. Cette année, avec la crise sanitaire, le dispositif du plan hiver ne s’est pas arrêté comme prévu.

En 2020, il s’est étendu sur 12 mois soit 7 mois supplémentaire dans des conditions que nous connaissons tous. Ce qui se traduit par l’accueil de 74 personnes sur les 28 places du plan hiver que nous avons en gestion.

41 personnes nous ont été orientées sur les 18 places ouvertes au stade Marcel Cerdan et 32 personnes sur les 10 places ouvertes au CHU 223 avenue Jean Lolive à Pantin.